Le département des affaires internationales de la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre et du Pays de Galles (CBCEW) a publié un nouveau document qui présente une approche chrétienne des questions relatives au contrôle des armes et au désarmement. L'organisation appelle les chrétiens à s’engager en faveur du désarmement et pour la réorientation des sommes investies dans la santé ou l’éducation.
Dans une déclaration publiée la semaine dernière, intitulée "Appelés à être des artisans de paix", le département des affaires internationales de la Conférence des évêques catholiques d'Angleterre et du Pays de Galles (CBCEW) invite les catholiques à s'engager en faveur du désarmement. Dans ce document, les évêques affirment que si les catholiques veulent répondre à l'appel du Christ à être des artisans de paix dans un monde troublé, ils doivent s'efforcer de limiter la prolifération des armes et de faire avancer la cause du désarmement mondial, ce qui fait partie intégrante de leur mission.
"Plus de 140 000 personnes sont tuées chaque année dans des conflits armés"
Le constat est sans appel pour Mgr Nicholas Hudson, nouveau président du département des affaires internationales de la CBCEW : "plus de 140 000 personnes sont tuées chaque année dans des conflits armés, sans parler des conséquences plus larges de la guerre, telles que la restriction de l'accès à l'eau potable, à la nourriture, aux soins de santé et aux services de base".
L'appel plaide pour la fin de la violence et de la guerre dans le monde d'aujourd'hui, mais sans exiger l’élimination complète de toutes les armes. Il préconise en effet l'élimination des armes de destruction massive, la réglementation des armes conventionnelles, la réduction des dépenses militaires et le renforcement des mécanismes de paix.
Les capacités de défense sont en effet un "droit des nations", "c'est même dans l'Évangile, l'homme qui veille empêchera le cambrioleur de venir" précise l'évêque auxiliaire émérite de Birmingham, Mgr William Kenney. Mais "nous devons favoriser un climat de confiance et un dialogue sincère" poursuit-il.
Basé sur la doctrine sociale de l’Église catholique, le document met l’accent sur le nombre de vie perdues en raison du désarmement et demande l’orientation des fonds investis dans l’industrie de l’armement dans le secteur de l’éducation ou de la santé.
Une responsabilité mondiale
Cette responsabilité est "mondiale" explique Mgr Declan Lang, ancien président du département des affaires internationales. En effet, pour lui, "la communauté mondiale traverse une période difficile et nous sommes appelés à promouvoir la paix et l'unité entre les nations, en cherchant à mettre fin à la guerre tout en relevant certains des plus grands défis humanitaires de notre époque, tels que l'impact du changement climatique. Aucun pays agissant seul ne peut résoudre ces problèmes".
Le document "Appelés à être des artisans de paix", s’interroge également sur le développement rapide des armes autonomes et l'éthique régissant leur utilisation, en mentionnant spécifiquement les armes conçues pour identifier et attaquer des cibles sans nécessiter d'intervention humaine. "Globalement, nous avons été trop lents à reconnaître l'immoralité de différentes formes d'armement telles que les armes chimiques ou les armes à laser aveuglantes", a déclaré Mgr Declan Lang.
Cette déclaration va dans le sens d’une réglementation des armes autonomes, en discussions à l’ONU en mars 2024 : le Saint-Siège avait alors insisté sur la nécessité d’une réglementation internationale.
Jean-Benoît Harel